Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
90 LA DIOPTRIQUE.

de l’image qui s’imprime au fond de l’œil ; d’autant fait-on qu’elle représente moins d’objets, à cause que l’espace qu’elle occupe ne peut aucunement être augmenté, si ce n’est peut-être de fort peu en la renversant, ce que je juge être à rejeter pour d’autres raisons. Mais il est aisé, si les objets sont accessibles, de mettre celui qu’on veut regarder en l’endroit où il peut être vu le plus distinctement au travers de la lunette ; et, s’ils sont inaccessibles, de mettre la lunette sur une machine qui serve à la tourner facilement vers tel endroit déterminé qu’on voudra. Et ainsi, il ne nous manquera rien de ce qui rend le plus cette quatrième condition considérable.

Au reste, afin que je n’omette ici aucune chose, j’ai encore à vous avertir que les défauts de l’œil, qui consistent en ce qu’on ne peut assez changer la figure de l’humeur cristalline ou bien la grandeur de la prunelle, se peuvent peu à peu diminuer et corriger par l’usage, à cause que cette humeur cristalline et la peau qui contient cette prunelle étant de vrais muscles, leurs fonctions se facilitent et s’augmentent lorsqu’on les exerce, ainsi que celles de tous les autres muscles de notre corps. Et c’est ainsi que les chasseurs et les matelots, en s’exerçant à regarder des objets fort éloignés, et les graveurs ou autres artisans qui font des ouvrages fort subtiles, à en regarder de fort proches, acquiè-