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94 FRANÇOIS VILLON

IX. — Dans son enthousiasme, Villon va jusqu'à souhaitera Louis XI douie beaux enfans, tous masles, nés en légitime mariage (ce qui lui aurait sans doute médiocrement souri), preux comme Charlemagne, braves comme saint Martial. C'est le vœu qu'il forme pour lui, en ce monde, Et puis paradis a la fin !

V. 67. — Aussi preux que fut te gratit Qjartes.

Dans les trois éditions de Longnon, il est affirmé — sans restriction — qu'il s'agit de Charles VII. L'allusion à ce dernier n'est pas impos- sible ; mais il est beaucoup plus vraisemblable de croire que c'est Char- lemagne que Villon a eu en vue. Dans la ballade communément appe- lée Baltade des Seigneurs du temps jadis, Villon parle du vieil empereur et du roi mort tout récemment (22 juillet 1461), et se demande où ils sont :

Et Charles septiesme te Bon ?

Mais ou est te preux ClMrle>iiaigiie ?

(Test., 363-64.) — Dans l'Abrégé des Cronicques de France rédigé en 1461 ou 1462 (peu après la mort de Charles VII) Charlemagne n'est jamais désigné que par CImrles te Grant (Fr. 4943, fol. 12 v" et suiv.) : au contraire, dans Les Grandes Chroniqîies de France, le nom Charte- niaines apparaît seul, avec l'épithète le Fort (édit. Paulin Paris, t. II, p. 58-293) : Le premier livre des fais et des gestes le fort roy ClMrtemaines (p. 57) ; Cy fine te premier livre des gestes le fort roi Charlemaines (p. 122); etc. Enfin la haine impie que le « feu dauphin » portait à son père, haine que personne, en France, n'ignorait, suffirait à faire rejeter, dans ces trois strophes de Villon {huit, vu, viii, ix) en l'honneur de Louis XI, toute allusion à des souvenirs qu'il ne convenait pas de réveiller. On sait que les premiers actes de Louis XI furent de casser toutes les nominations que son père avait faites, quitte à les rétablir ensuite pour la plupart. Pour ces raisons, je pense que le vers 67 s'ap- plique à Charlemagne et non à Charles VIL Dans le « Dict rimé » composé contre Hugues Aubriot, l'auteur anonyme faisant allusion à Charles V, qui ne fut jamais qualifié autrement que te Sage, s'exprime ainsi :

Tant con li grant Charles a vesqu

Tu t'es porté trop fièrement...

Il ne faut voir là qu'une formule laudative, très justifiée d'ailleurs,.

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