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10 FRANÇOIS VILLON

Iiupartir sa grâce est une expression de style qu'on retrouve dans les lettres de rémission. Cf. celles publiées précédemment, t. I, p. 29; 31.

C'est ainsi qu'on doit lire le vers 45. Cette façon d'écrire n'est pas particulière à Villon, c'est la syntaxe courante du xve siècle. Elle n'a pourtant pas été comprise par les scribes. Le huitain manque dans CI. Le copiste de ^, ne saisissant pas le sens du texte qu'il a sous les yeux, le modifie en : // me convient partir. BF qui ont compris le sens général de la phrase, mais non le mécanisme, se sont crus obligés de l'exprimer même au prix d'un vers faux : Sa grâce, ne vie la départir . Pareille erreur chez les éditeurs modernes, à l'exception toutefois de La Monnoye qui, avec cette « sagacité critique » que lui reconnaît jus- tement G. Paris (cf. ci-dessus, t. I, p. 150, n. 3) écrit : Sa grâce, ne me départir. De même Moland qui reproduit cette bonne leçon, et la com- mente d'une manière satisfaisante. Lacroix cherche à corriger vi, ei fausse, comme lui, la pensée de l'auteur : Sa grâce, il convient départir. Villon reproduit exactement cette disposition des mots observée aux vers 1985, 1986 du Testament et que les copistes, sauf C, ont défigurée ainsi que les éditeurs modernes, y compris Marot. Cf. les notes rela- tives à ces vers; de même celles des vers 1996; 1997.

v. 47-48. — Au fort, je suis amant marlir Du nombre des amoureux sains.

Réminiscence de ces deux vers de Charles d'Orléans : Au fort martir on me devra nommer, Se Dieu d'amours fait nulz amoureux sains. (Edit. Guichard, p. 22 ; édit. Champollion-Figeac, p. 59.)

Cet exemple et d'autres mentionnés au cours des notes, prouvent que Villon connaissait les poésies, au moins certaines d'entre elles, du duc d'Orléans. — Le ms. B donne : Au fort, je meurs..., leçon suivie par La Monnoye. L'auteur anonyme du Monologue du Franc Archier de Baignollet écrira, (après le 10 septembre 1468) :

Or meurs je les membres tous sains. . .

adaptation assez maladroite du vers 46 de Villon : Par elle meurs, les membres sains.

(Edit. Picot et Nyrop, Nouveau recueil de Farces françaises des XF^ et XVI' siècles (Paris, 1880), p. 64, v. 264.)

VII. — Un autre que moi file près d'elle le parfait amour, gémit Villon ; Dieu veuille entendre ma plainte !

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