Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/168

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Donnez des lis, car il n’est plus !
Des lis, des pleurs, ô jeunes filles :
Car son sang tacha ses guenilles ;
L’échafaud meurtrit ses pieds nus !

Jeune, et sans pain, sans fiancée,
Des rêves d’amour l’ont nourri,
Et l’ombre de Cymodocée
Au Martyr du peuple a souri.
Sous notre chêne populaire,
Que la sainte croix tumulaire
Prodigue l’ombre à son tombeau ;
Si le Dieu chrétien qu’il adore
Le repousse en tonnant, Eudore
Prira Jésus pour Alibaud.

Hélas ! de l’hymne funéraire
Qu’aujourd’hui j’abandonne au vent
J’aurais voulu, mon noble frère,
Parer ton front, ton front vivant :
Tel, quand chaud de mille agonies,
Ankastroëm aux Gémonies
Roulait, on vit ou l’on crut voir,
Pour parfumer la claie infâme,
Des mains d’un ange ou d’une femme