Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/192

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Je le vois sans rêver la gloire :
L’oiseau que j’attends ne vient pas.

Voici le rossignol, qui cueille
Un brin d’herbe pour se nourrir,
Puis se cache au bois sous la feuille
Pour chanter un jour, et mourir :
Il chante l’amour… Ironie !
Oiseau moqueur, chante plus bas ;
Et qu’ai-je besoin d’harmonie ?
L’oiseau que j’attends ne vient pas.

Plus loin, le martinet des grèves,
Sur un beau lac d’azur et d’or,
Comme un poète sur ses rêves
Se berce, voltige et s’endort.
Dors et vole à ta fantaisie
Heureux frère ; devant mes pas,
Moi, j’ai vu fuir la poésie :
L’oiseau que j’attends ne vient pas.
Arrive enfin, je l’en supplie.
Noir messager dont Dieu se sert ;
Corbeau qui, sur les pas d’Élie,
Émiettais du pain au désert.