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Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/199

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Sur le grand chemin noir de pluie
Qu’un blanc rayon tombe et l’essuie,
Et demain, troubadour piéton,
Dans la haie aux grappes vermeilles,
Où dansent mes sœurs les abeilles,
Je veux me tailler un bâton.

Humble oiseau, ma voix tremble, il neige…
Belle veuve du beau Ducos,
Pour dire tes gloires, que n’ai-je
Un luth fécond en mille échos !
Vers ta rive, qu’il a choisie,
Tout mon fleuve de poésie
Bondirait, dévorant ses bords,
Et chaque vague, chaque rime,
Bordeaux, ferait le bruit sublime
Que fait l’Océan dans tes ports.

Aux grands poëtes, ce grand rôle.
Les pieds pendants au fil de l’eau,
Moi, j’aime à rêver sous un saule
Avec l’amante d’Othello ;
Et pourtant, voici la semaine
Rouge d’une hécatombe humaine,
Rouge du sang de vingt héros,