Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/201

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Du pain que chaque jour m’apporte,
C’est par toi que je me nourris ;
C’est toi qui vas, de porte en porte,
Pour mes vers quêter un souris.
Contre moi si l’enfer se lève,
Sur le serpent tu mets comme Ève
Ton pied sacré, ton pied vainqueur.
Entre mes idoles jumelles,
Oh ! viens donc, viens régner comme elles
Dans le Panthéon de mon cœur.

Nos murs lépreux par ton haleine
Sont à peine purifiés ;
Nos pavés sales ont à peine
Poussé quelques fleurs sous tes pieds ;
Et tu fuis, volage colombe,
Tu fuis !… Si ton étoile en tombe,
Hélas ! mon ciel sera bien noir :
Où glaner un souris de femme ?
À quelle âme allumer mon âme ?
Dans quel œil bleu chercher l’espoir ?

Au pays que ta lyre honore,
J’irai, j’irai : déjà tu vois,
Comme au vent un roseau sonore,