Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/286

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Petit Poucet. Ce grand personnage historique était alors bien jeune, et ne préludait pas encore au rôle important qu’il joua depuis dans le monde. C’était lui, c’étaient ses frères dont les plaintes avaient éveillé Angélina. Leurs parents, occupés au loin dans la forêt, y avaient passé la nuit pour être prêts au travail dès l’aurore, et, ne les voyant pas revenir à l’heure accoutumée, la jeune famille avait eu grand’peur.

La visite de la fée, que ces pauvres enfants connaissaient déjà, ramena pour quelque temps la paix et la joie dans la cabane. A la chute du jour, Angélina se souvint que la fête allait commencer, et voulut partir ; mais tous, rendus familiers par sa complaisance, la rappelaient et la retenaient à l’envi, qui par un pan de sa robe, qui par une tresse de ses cheveux, qui par le bout de sa baguette magique ; et la bonne fée résistait un peu d’abord, puis souriait et cédait. Cependant un grillon, venu on ne sait comment du palais des fées (lui- même en était une peut-être), se mit à crier dans l’âtre : « A table, Angélina ! le prince Charmant vient d’arriver, on n’attend plus personne, et le banquet solennel commence : on verra figurer au dessert les nèfles et les noisettes dont le prince Myrtil a fait l’autre jour hommage à la reine. A table ! à table ! car, de mémoire de grillon, jamais on ne vit plus beau festin ».

Puis voilà qu’un papillon du soir vint danser autour de la lampe en répétant : « Au bal, Angélina ! la salle est déjà pleine d’harmonie et de lumière, j’ai failli tout à l’heure m’y brûler les ailes à certaine lampe merveilleuse qu’un beau jeune homme vient d’apporter d’Arabie. Au bal ! au bal ! car, de mémoire de phalène, jamais on ne vit plus brillante soirée ».

Et Angélina voulait partir ; mais les enfants la