Et de ne pont offrir une tête sacrée
Où la vieillesse pèse, où tant de gloire a lui,
Au glaive que la loi craint d’égarer sur lui.
Quant aux preux chevaliers que ton exil attire,
Qui vont, gras et vermeils de trois ans de martyre,
Prosterner à tes pieds leur dévoûment profond,
Pour hâter ton retour, sais-tu bien ce qu’ils font ?
Ils élèvent au ciel leurs mains et leurs prières,
Attisent de soupirs des feux incendiaires ;
Comme le peuple juif, dans un lieu souterrain,
Aux profanes regards cachant leurs sanhédrin,
Avides du grand jour qui ne doit jamais naître,
Quand la tempête gronde, ils ouvrent leur fenêtre,
Poussent un cri de joie, et regardent en l’air
Si l’envoyé du ciel tombe dans un éclair.
Je me trompe : aux grands jours, la basilique ouverte
Nous lâche, pour défi, sa procession verte,
Et, quand la nuit est sombre, un marguillier tremblant
À son clocher honteux arbore un haillon blanc.
Ton nom remue encore, au fond des sacristies,
Des fous que nos dédains ont couverts d’amnisties,
Et ces Bretons, marqués du type originel,
Suçant l’horreur des bleus sur le sein maternel,
Bétail aveugle et sourd qu’un Gondi populaire
Fouette vers l’abattoir à coups de scapulaire.
Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/94
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée