Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/238

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Et ſon ſexe et ſon nom, tout m’oblige à la plaindre :
Ainſi, loin d’inſulter à ſon déguiſement,
Faiſons-la de ces lieux ſortir ſecrètement.
Vous n’avez contre vous de témoin que Fulvie,
Et l’on n’en croira point ſa folle jalouſie.
Loin de vous préſenter l’un et l’autre au ſénat,
Évitez pour moi-même un dangereux éclat.
Que vous reviendrait-il d’une faible victoire,
Qui, loin de l’embellir, flétrirait votre gloire ?
Croyez-moi, mépriſez une amante en fureur,
Qui d’ailleurs ne voulait que vous perdre en mon cœur.

C A T I L I N A.

Lorſqu’on oſe attaquer mon honneur et ma vie
Vous voulez qu’en tremblant je me cache ou je fuie ;
Que laiſſant le champ libre à l’inſensé Caton,
Je ſouffre qu’en public il flétriſſe mon nom ;
Que j’éloigne Fulvie, afin que votre père
Sur ſon abſence même au ſénat me défère ?
Comment ! Lorſque vous-même, échauffant ſa fureur,
Vous me livrez au peuple et me perdez d’honneur,
Que ſur de faux rapports déjà l’on délibère,
Que contre moi Caton éclate ſans myſtère,
Vous voulez que, témoin de leur emportement,
J’attende du ſénat quelque ménagement ;
Que le conſul enfin, touché de mon abſence,
Ou ne m’accuſe point, ou prenne ma défenſe ?