Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/255

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C A T I L I N A.

Eh bien ! Pour achever de confondre un coupable,
Qu’on offre à mes regards ce témoin redoutable,
De vos ſoins pénétrants monument précieux,
Cet eſclave qui peut me convaincre à vos yeux.
D’où vient qu’en ce moment vous me cachez Fulvie ?
Manlius aurait-il diſposé de ſa vie ?
Car elle fut toujours l’âme de ſes ſecrets.

C I C É R O N.

Laiſſons là Manlius ; parlons de vos projets :
On ne connaît que trop vos lâches artifices.
Tremblez, ſéditieux, pour vous, pour vos complices ;
Vous êtes convaincu, le crime eſt avéré :
Déjà ſur votre ſort on a délibéré ;
Vos forfaits n’ont que trop laſſé notre indulgence.

C A T I L I N A.

Je vais de ce diſcours réprimer l’inſolence.
Vous penſez, je le vois, que, tremblant pour mes jours,
À des ſubtilités je veuille avoir recours :
Et qu’ai-je à redouter de votre jalouſie ?
Ainſi ne croyez pas que je me juſtifie.
Imprudents ! Savez-vous, ſi j’élevais la voix,
Que je vous ferais tous égorger à la fois ?
Inſtruit de votre haine et de mon innocence,
Tout le peuple à grands cris m’excite à la vengeance ;