Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/265

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A C T E   V.
S C È N E   P R E M I È R E
C I C É R O N, ſeul.

Caton ne paraît point, et la nuit qui s’avance
Accroît à chaque inſtant l’horreur qui la devance.
Pétréius, invité de hâter ſon retour,
Ne peut plus arriver avant la fin du jour ;
Et ce jour malheureux était le ſeul peut-être
Qui pouvait me flatter de triompher d’un traître :
Plus ſur ſon innocence il a cru m’abuſer,
Plus mon cœur défiant s’obſtine à l’accuſer.
Je ſais qu’à Manlius il vient d’ôter la vie ;
C’eſt pour mieux m’éblouir qu’il nous le ſacrifie.
Trop heureux ſi je puis à mon tour lui cacher
Le péril du décret qu’il vient de m’arracher !
Mais nous ſommes perdus ſi jamais il devine
Qu’en ſecret par Céſon je trame ſa ruine ;
Des pièges qu’on lui tend habile à ſe venger,
Il en ferait ſur moi retomber le danger.
Rufus m’aſſure en vain d’une longue défenſe,
Céſon eſt déſormais mon unique eſpérance.