Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/277

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Reconnaiſſez ma voix ; c’eſt la fière Tullie,
Que l’amour vous ramène et vous réconcilie,
Qui veut vous arracher à votre déſespoir,
Et qui ne rougit plus de trahir ſon devoir.
Songez, Catilina, que Rome eſt votre mère ;
Qu’à vous, plus qu’à tout autre, elle doit être chère.
Renoncez à l’orgueil de vouloir mettre aux fers
Un peuple à qui les dieux ont ſoumis l’univers.
Pour ſauver votre honneur, n’employez d’autres armes
Qu’un retour vertueux, vos remords, et mes larmes :
Jurez-moi que jamais vous ne teindrez vos mains
De votre propre ſang, ni du ſang des romains.
Je vais vous dérober au coup qui vous menace ;
Ce que j’ai fait pour Rome obtiendra votre grâce.

C A T I L I N A.

Ma grâce eſt dans mes mains, cœur indigne du mien.
Cicéron vous a-t-il déjà tranſmis le ſien ?
Moi, fléchir ! Moi, prier ! Moi, demander la vie !
L’accepter, ce ſerait me couvrir d’infamie.

T U L L I E.

Eh bien ! Cruel, mépriſe un pardon généreux,
J’y conſens ; mais du moins, dans ton ſort malheureux,
De la part d’une amante accepte une retraite.

C A T I L I N A.

M’y pourriez-vous cacher ma honte et ma défaite ?