Page:Œuvres de Robespierre.djvu/91

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dénonciation faite contre Robespierre. Il raconte qu’avant le 10 août, lorsqu’il vint à Paris à la tête des Marseillais, on les invita à venir chez Robespierre ; là, on leur dit qu’il fallait se rallier aux citoyens qui avaient acquis le plus de popularité : « Le citoyen Panis nous désigna nommément Robespierre comme l’homme vertueux qui devait être le dictateur de la France. Nous lui répondîmes que les Marseillais ne baisseraient jamais le front ni devant un roi, ni devant un dictateur. Voilà ce que je signerai, et ce que je défie Robespierre de démentir. » Ce fut Panis qui se chargea de démentir le récit de Barbaroux : « Je ne lui ai jamais dit un mot de dictature, ni de Robespierre. Je ne sais ce que je dois admirer le plus ou de la lâcheté, ou de l’invraisemblance, ou de la fausseté de sa délation ! Quelles sont les preuves qu’il vous a données ? quels sont ses témoins ? (Moi ! s’écria Rebecqui[1].) Vous êtes l’ami de Barbaroux et de plus dénonciateur, je vous récuse. » L’incident en resta là, Marat ayant pris la parole pour se disculper à son tour des accusations dont il avait aussi été l’objet.

Séance du 29 octobre. — Le ministre de l’intérieur Roland lit un rapport sur la situation de Paris, dans lequel il signale l’état anarchique entretenu par les anticipations de

  1. Rebecqui avait ouvert le feu contre Robespierre : il avait pris si à cœur cette lutte que le 9 avril il envoya sa démission de la Convention par la lettre suivante :

    « Il existe une loi qui condamne à la mort quiconque oserait porter atteinte à la liberté, en vous proposant un roi. Eh bien ! Robespierre vous a proposé un chef, un régulateur, et Robespierre n’a pas porté sa tête sur l’échafaud. Vous avez porté la peine de mort contre quiconque attenterait à la représentation nationale. Eh bien, le 27 décembre 1792 et le 10 mars 1793, on a formé aux Jacobins le projet d’assassiner les représentants du peuple, et tous ces crimes sont impunis. Comme je ne puis, ni ne veux, siéger plus longtemps dans une assemblée qui n’a pas le courage de frapper les coupables, je donne ma démission. » La démission de Rebecqui fut acceptée, sans discussion.