Au fond, Spinoza est réaliste pur :
« Il est, dit-il, absolument nécessaire de tirer toutes nos idées des choses physiques, c’est-à-dire des êtres réels, en allant suivant la série des causes d’un être réel à un autre être réel, sans passer aux choses abstraites et universelles, ni pour en conclure rien de réel, ni pour les conclure de quelque être réel[1]. »
Mais de quels êtres physiques parle ici Spinoza ?
« Par la série des causes et des êtres réels, je n’entends point la série des choses particulières et changeantes, mais seulement la série des choses fixes et éternelles. »
Voici enfin un passage qui unit et éclaircit tout :
« D’où il résulte que ces choses fixes et éternelles, quoique particulières, seront pour nous, à cause de leur présence dans tout l’univers et de l’étendue de leur puissance, comme des universaux, c’est-à-dire comme les genres des définitions des choses particulières, et comme les causes immédiates de toutes choses[2]. »
Voilà les vrais universaux, non pas des abstractions logiques, mais des causes, des essences, et comme dit Platon, des idées.
Nous pouvons maintenant nous former une idée à peu près complète de la méthode de Spinoza : elle consiste, avant tout, à purifier son esprit de tout préjugé, de toute image sensible, à l’éprouver par le raisonnement, qui est comme une préparation et un passage à des fonctions plus hautes, pour parvenir enfin à la contemplation des idées dans toute leur pureté ; les idées nous élèveront comme d’elles-mêmes à l’idée de l’objet le plus réel et le plus parfait, savoir, l’Être en soi et par soi. Le philo-