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THÉOLOGICO-POLITIQUE.

même. » Il n’y a donc rien de surprenant dans la pensée de Paul que les méchants sont inexcusables. Chacun en effet recueillera suivant ce qu’il aura semé ; du mal sortira nécessairement le mal, si le coupable ne se corrige ; et du bien sortira le bien, si celui qui l’accomplit y persiste. Concluons enfin que les saintes Écritures reconnaissent pleinement et la lumière naturelle et la connaissance qu’elle nous donne de la loi divine. C’était tout l’objet de ce chapitre.


CHAPITRE V


DU VÉRITABLE OBJET DE L’INSTITUTION DES CÉRÉMONIES RELIGIEUSES. — DE LA CROYANCE AUX RÉCITS HISTORIQUES ; SOUS QUEL RAPPORT ELLE EST NÉCESSAIRE ET À QUELLE SORTE DE PERSONNES.


Nous avons montré dans le chapitre précédent que la loi divine, cette loi qui nous rend vraiment heureux et nous enseigne la vie véritable, est commune à tous les hommes ; et comme nous l’avons déduite de la seule considération de la nature humaine, il faut reconnaître qu’elle est innée et comme gravée au fond de notre âme. Or les cérémonies religieuses, celles du moins que nous trouvons dans l’Ancien Testament, ayant été instituées en vue des seuls Hébreux, et si particulièrement appropriées aux intérêts de leur empire que la plupart d’entre elles ne pouvaient être célébrées par les particuliers, mais seulement par toute la nation réunie, il s’ensuit qu’elles n’ont rien à voir avec la loi divine, et ne peuvent servir de rien, ni pour la vertu, ni pour le bonheur : elles regardent donc exclusivement l’élection des Hébreux, c’est-à-dire (ainsi que nous l’avons montré au chap. iii) leur bien-être matériel et temporel et la tranquillité de leur empire ; et par conséquent elles n’ont pu avoir d’usage qu’autant que cet empire était debout.

On demandera, maintenant, pourquoi, dans l’Ancien