Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/257

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prochaine captivité ; puis, au chapitre XXV, viennent les révélations qui ont été faites à Jérémie avant cette époque, savoir, la quatrième année du règne de Jéhojakim ; puis enfin d’autres révélations que le prophète a reçues quatre années auparavant. Le collecteur du livre de Jérémie continue ainsi d’entasser les prophéties sans garder l’ordre des temps, jusqu’à ce que, parvenu au chapitre XXXVIII, il reprend le récit qu’il avait commencé au chapitre XXI, comme si les chapitres intermédiaires étaient une simple parenthèse. En effet, la conjonction par où commence le chapitre XXXVIII se rapporte aux versets 8, 9 et 10 du chapitre XXI. De plus, dans le récit du chapitre XXXVIII, la tristesse du prophète Jérémie et la cause de sa longue détention dans le vestibule de la prison sont racontées tout autrement que dans le chapitre XXXVII, ce qui montre clairement que tout cela n’est qu’une collection de matériaux empruntés à divers historiens, sans quoi un pareil désordre serait véritablement inexplicable. Quant au reste des prophéties contenues dans les autres chapitres, où Jérémie parle à la première personne, il y a toute apparence qu’elles ont été tirées du livre que Jérémie dicta à Baruch, lequel ne contenait (ainsi qu’on le voit par le chapitre XXXVI, verset 2) que les révélations faites à Jérémie depuis Josias jusqu’à la quatrième année du règne de Jéhojakim. Il paraît aussi qu’on aura extrait de ce même livre dicté à Baruch tout ce qui est compris entre le chapitre XLV, verset 2, jusqu’au chapitre LI, verset 59.

Il suffit de lire les premiers versets du livre d’Ézéchiel pour se convaincre que ce livre n’est qu’un fragment. Qui ne voit en effet que la conjonction par où il commence suppose un discours antérieur qu’elle unit à ce qui va suivre ? Et non-seulement cette conjonction, mais toute la contexture de l’ouvrage, marque d’autres écrits que nous n’avons plus. Ce livre commence à l’an 30e, ce qui prouve clairement que le prophète continue un récit déjà commencé ; et l’auteur même du livre confirme cette induction par une parenthèse qu’il a placée au verset 3 : « La parole de