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notes marginales.

chap. vii, vers. 6) : Et J’erre sans cesse avec ma tente et mon pavillon. Or, le texte des Paralipomènes (liv. I, chap. xviii, vers. 5) porte : Et j’allais d’une tente à une autre tente, et de pavillon… On lit dans Shamuel (liv. II, chap. vii, vers. 10) Pour l’abaisser, et dans les Paralipomènes (liv. I, chap. vii, vers. 9) Pour le briser. Je pourrais signaler d’autres différences plus considérables encore mais quiconque lira une seule fois ces chapitres ne manquera pas de les remarquer, à moins qu’il ne soit aveugle, ou qu’il n’ait entièrement perdu le sens.


Note XV (page 170 de la traduction). De quel temps s’agit-il ? Évidemment de celui qui vient d’être immédiatement déterminé.

Que ce passage ne puisse marquer d’autre temps que celui où Joseph fut vendu par ses frères, c’est ce qui résulte d’abord du contexte même du discours mais ce n’est pas tout on peut le conclure encore de l’âge de Juda, qui avait alors vingt-deux ans au plus, à prendre pour base sa propre histoire, qui vient de nous être racontée. Il résulte, en effet, du chapitre xxix de la Genèse, dernier verset, que Juda naquit dans la dixième des années où Jacob servit Laban, et Joseph dans la quatorzième. Or, nous savons que Joseph avait dix-sept ans quand il fut vendu par ses frères ; Juda avait donc alors vingt et un ans, pas davantage. Par conséquent, les auteurs qui prétendent que cette longue absence de Juda hors de la maison paternelle eut lieu avant la vente de Joseph ne cherchent qu’à se faire illusion à eux-mêmes, et leur sollicitude pour la divinité de l’Écriture n’aboutit qu’à la mettre en question.


Note XVI (page 170 de la traduction). Dina avait à peine sept ans quand elle fut violée par Sichem.

Quelques-uns pensent que Jacob voyagea pendant huit ou dix années entre la Mésopotamie et le pays de Béthel. Mais c’est là une opinion assez impertinente, bien qu’Aben-Hezra l’ait soutenue[1]. Car il est clair que Jacob avait deux raisons de se hâter : la première était le désir de revoir ses vieux parents ; la seconde, et la principale, c’est qu’il devait acquitter le vœu qu’il avait fait quand il fuyait son frère (Genèse, chap. xxiii, vers. 20 ; chap. xxxi, vers. 13 ; chap. xxxv, vers. 1). Nous voyons même (Genèse, chap. xxxi, vers. 3 et 13) que Dieu l’avertit d’acquitter son vœu, et lui promet son secours pour retourner dans sa patrie. Que si, à de pareilles raisons on préfère je ne sais quelles conjectures, je le veux bien, et j’accorde que Jacob, plus malheureux qu’Ulysse[2], employa huit ou dix années, et, si l’on veut, un plus grand nombre encore, à terminer son voyage.

Ce qu’on n’a pu nier, du moins, c’est que Benjamin ne soit venu au

  1. Ici, je suis le texte donné par M. Dorow (Benedik Spinoza’s Randglossen, p. 15). On a pu remarquer, en lisant le Traité Théologico-politique que Spinoza, tout en réfutant souvent Aben-Hezra, le traite toujours avec une certaine déférence.
  2. Ici encore je suis le texte de M. Dorow (l. c., p. 16).