Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/406

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monde pendant la dernière année du voyage de Jacob, c’est-à-dire, selon le calcul de nos adversaires, la quinzième on seizième année de l’âge de Joseph, puisqu’en effet Jacob quitta Laban sept ans après la naissance de son fils Joseph. Or, depuis la dix-septième année de 1 âge de celui-ci jusqu’au temps où le patriarche alla en Égypte, on ne compte que vingt-deux ans, ainsi que nous l’avons fait voir au chapitre Ix ; et par conséquent Benjamin n’a’ait, en ce même temps du voyage d’Égvpte, que vingt trois ou vingt quatre ans au plus. Ce serait’ donc à la fleur de l’.ige qu’il aurait eu des petits-enfants (voyez Genèse, chap. xlvi, vers. 21 ; comparez Nombres, chap xwi, vers, 38, 39, 40, et Paralipom., liv. 1, diap. vin, vers. 1 et 199), puisqu’il est certain que Balaii, fils ainé de Benjamin, avait alors deux fils, Ard et Nahganum, ce qui est tout aussi déraisonnable que de prétendre que Dina fut violée à l’âge de sept ans, sans parler de toutes les conséquences absurdes qui découlent de ce récit. —D’où l’on voit que nos adversaires tombent de Charybde en Scylla.


Note XVII (page 173 de la traduction). Hotnud, fils de Kenez, fut juge pendant quarante années.

R. Lévi, Ben-Gersem et quelques autres ont cru qu’il fallait commencer à compter depuis la mort de Josué ces quarante années que l’Écriture déclare s’être écoulées sous un régime de liberté, et par conséquent que les huit années précédentes du gouvernement de Kusan-hgataim y*ont comprises, et que les dix-huit situantes se doivent rapporter aux qualre-vingts années d’Ehud et de Samgar ; enfin, qu’il il faut mettre les autres années de servitude au nombre de celles qui se sont écoulées, suivant l’Écriture, sous un régime de libellé. Mais puieque l’Écriture marque expressément le nombre d’années de servitude et de liberté, et qu’elle déclare (chap. ii, vers. 18] que l’empire hébreu a toujours été florissant sous l’administration des juges, il ci>t évident que ce rabbin (savant homme d’ailleurs) et tous ceux qui suivent ses traces corrigent l’Écriture bien plutôt qu’ils ne l’interprètent. C’est un défaut où tombent encore, mais plus grossièrement, ceux qui veulent que l’Écriture n’ait entendu marquer par ce calcul général des années que les temps de l’administration régulière de l’empire hébreu. Quant aux temps d’anarchie ou de servitude, ils ont été r. jetés de la supputation générale comme des époques de malheur, et pour ainsi dire d’interrègne. Mais ce sont de pures rêveries. Il est si clair, en effet, qu’Hezras, au chapitre vi du livre I des Rois, a eu dessein de marquer sans exception toutes les années écoulées depuis la sortie d’Égypte jusqu’à la quatrième » année du règne de Salomon, cela, dis-je, est si clair que jamais homme versé dans l’Écriture ne l’a révoqué en doute. Car, sans recourir aux propres paroles du texte, la généalogie de David, écrite à la fin du livre de Ruth et au chapitre II du livre I des Chroniques, se monte à peine à un si grand nombre d’années, savoir à 480. Noghdin, en effet, qui était prince de la tribu de Juda (Nombres, diap. vu, vers. 11 1 et 1 2), deux ans après que les Hébreux eurent quitté l’Égypte, mourut au désert avec