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IV
LA VIE DE SPINOZA.

SPINOZA S’ATTACHE À L’ÉTUDE DE LA THÉOLOGIE, QU’IL QUITTE
POUR ÉTUDIER À FOND LA PHYSIQUE

Après avoir bien appris la langue latine, Spinoza se proposa l’étude de la théologie, et s’y attacha pendant quelques années. Cependant, quoiqu’il eût déjà beaucoup d’esprit et de jugement, l’un et l’autre se fortifiaient encore de jour à autre, de sorte que, se trouvant plus de disposition à la recherche des productions et des causes naturelles, il abandonna la théologie pour s’attacher entièrement à la physique. Il délibéra longtemps sur le choix qu’il devait faire d’un maître dont les écrits lui pussent servir de guide dans le dessein où il était. Mais enfin, les œuvres de Descartes étant tombées entre ses mains, il les lut avec avidité ; et dans la suite il a souvent déclaré que c’était de là qu’il avait puisé ce qu’il avait de connaissance en philosophie. Il était charmé de cette maxime de Descartes, qui établit qu’on ne doit jamais rien recevoir pour véritable qui n’ait été auparavant prouvé par de bonnes et solides raisons. Il en tira cette conséquence, que la

    peuples, et la Guyenne et la Bretagne prêtes à se soulever, le confirmèrent dans cette pensée. Ces messieurs se servirent d’un maître d’école hollandais, et leur traité fut effectivement fait et ratifié. Les Hollandais embarquèrent des troupes sur leur flotte, et ne s’éloignèrent pas beaucoup pendant cette campagne des côtes de Normandie, où on devait les recevoir. Les états de Hollande étaient convenus, entre autres choses, que quand tous leurs préparatifs seraient faits, ils feraient mettre certaines nouvelles dans leur gazette, et elles y furent mises. La Truaumont partit pour aller assembler ses amis en Normandie, mais sous un autre prétexte, ne leur ayant pas voulu découvrir tout à fait la trahison. Un de ses neveux, nommé le chevalier de Préault, avait aussi engagé dans leur dessein madame de Villiers, autrement Boideville, femme de qualité dont il était amoureux et aimé, qui avait des terres en ce pays-là ; et M.  le chevalier de Rohan était enfin sur le point de partir lui-même, quand il fut arrêté et mené à la Bastille. Le roi en même temps envoya Brussac, major de ses gardes, à Rouen pour prendre La Truaumont. Celui-ci, sans s’émouvoir, dit à Brissac, son ancien ami : « Je m’en vais te suivre, laisse-moi seulement pour quelque nécessité entrer dans mon cabinet. Brissac sottement le laissa faire, et fut bien étonné de l’en voir sortir avec deux pistolets. Il appela les gardes qui étaient à la porte de la chambre, qui, au lieu seulement de le désarmer et de le prendre en vie, le tirèrent et blessèrent d’un coup dont il mourut le lendemain avant que le premier président eût pu lui faire donner la question, et par conséquent sans rien avouer. Cet incident aurait pu dans la suite sauver la vie au chevalier de Rohan, si, après avoir tout nié à ses autres juges, il n’avait pas sottement tout avoué à Besons, qui lui arracha son secret en lui promettant sa grâce, action indigne d’un juge. Le maître d’école fut pendu, et le chevalier de Rohan eut la tête coupée avec le chevalier de Préault et madame de Villiers. »