Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome II.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

TRAITÉ

THÉOLOGICO-POLITIQUE.


CHAPITRE PREMIER
DE LA PROPHÉTIE.

La prophétie ou révélation est la connaissance certaine d’une chose, révélée aux hommes par Dieu. Le prophète, c’est celui qui interprète les choses révélées à qui n’en pouvant avoir une connaissance certaine n’est capable de les embrasser que par la foi. Chez les Hébreux, en effet, prophète se dit nabi[1], c’est-à-dire orateur, interprète dans l’Écriture, il désigne exclusivement l’interprète de Dieu, comme on peut le voir dans l’Exode (ch. vii, vers. 1), où Dieu dit à Moïse : Et voici que je te constitue Dieu de Pharaon, et Aharon ton frère sera ton prophète. Comme s’il disait : Puisque Aharon, en interprétant à Pharaon les paroles que tu prononceras, remplira le rôle de prophète, tu seras donc en quelque façon le Dieu de Pharaon, c’est-à-dire celui qui remplira à son égard le rôle de Dieu.

Nous traiterons des prophètes dans le chapitre suivant, il ne s’agit ici que de la prophétie, et déjà on doit conclure, de la définition qui vient d’être donnée, que la connaissance naturelle peut être aussi appelée prophétie,

  1. Voyez à la fin du Traité la première des Notes marginales de Spinoza que nous avons traduites sur le texte de Théoph. de Murr, en tenant compte des variantes de l’exemplaire de Kœnigsberg données par Dorow. (De Murr, Adnotat. ad Tract., p. 2. — Wilhem Dorow, Spinoza’s Randglossen, p. 10 sqq.)