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TRAITÉ

chap. xxxvii, vers. 9 ; chap. xlii, vers. 16, 17, 18, 19, etc.)

Remarquons maintenant qu’une chose se rapporte à Dieu est dite chose de Dieu : 1° quand elle appartient à la nature de Dieu et en est comme une partie, comme la puissance de Dieu, les yeux de Dieu ; — 2° quand elle est en la puissance de Dieu et agit suivant ses volontés ; c’est ainsi que les cieux sont appelés les cieux de Dieu, parce qu’ils sont le char et la demeure de Dieu ; dans le même sens, l’Assyrie est appelée fléau de Dieu, et Nabuchodonosor le serviteur de Dieu, etc. ; — 3° quand elle est consacrée à Dieu, comme le temple de Dieu, le Nazaréen de Dieu, le pain de Dieu, etc. ; — 4° quand elle nous est révélée par les prophètes ; et non par la lumière naturelle ; c’est ainsi que la loi de Moïse est appelée loi de Dieu ; — 5° quand on veut exprimer d’une chose le plus haut degré d’excellence, comme les montagnes de Dieu, c’est-à-dire de très-hautes montagnes ; un sommeil de Dieu, c’est-à-dire très-profond ; et c’est dans ce sens qu’il faut entendre Amos (chap. iv, vers. 11), quand il met dans la bouche de Dieu ce langage : « Je vous ai détruits, comme la destruction de Dieu (a détruit) Sodome et Gomorrhe ; » destruction de Dieu marque ici une mémorable destruction ; car puisque c’est Dieu qui parle, cela ne peut s’entendre autrement. La science naturelle de Salomon est aussi appelée science de Dieu, c’est-à-dire science divine, science extraordinaire. Les Psaumes parlent aussi des cèdres de Dieu pour en exprimer la prodigieuse hauteur. Dans Samuel (chap. xi, vers. 7), pour signifier une crainte extrême, il est dit : « Et une crainte de Dieu tomba sur le peuple. » C’est ainsi que les Juifs rapportaient à Dieu tout ce qui passait leur portée, tout ce dont ils ignoraient alors les causes naturelles. Ils appelaient la tempête un discours menaçant de Dieu ; les tonnerres, les éclairs étaient les flèches de Dieu ; car ils s’imaginaient que Dieu tient les vents enfermés dans des cavernes qu’ils appelaient les trésors de Dieu, ne différant en cela des païens qu’en ce point qu’au lieu d’Éole, c’est Dieu qui