Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/120

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Je m’en vais promener tantôt parmy la plaine,
Tantôt en un village et tantôt en un bois,
Et tantôt par les lieux solitaires et cois.

PIERRE RONSARD.


J’ai quitté pour un an la campagne : — le chaume
Était jaune ; les champs n’avaient plus cet arome
Que leur donnent en juin les fleurs et le foin vert,
Et l’on sentait déjà comme un frisson d’hiver.
— La campagne, c’est bon l’été. — L’on se promène,
On marche à travers champs comme le pied vous mène,
Se fiant au hasard des sentiers onduleux.
À la terre le ciel fait des sourires bleus ;
La nature est en joie, et la fleur virginale
Vous donne le bonjour de sa tête amicale ;
L’herbe courbe sa pointe où tremble un diamant.
Devant vos pieds verdis et mouillés, par moment,
Du milieu d’un buisson, d’un arbre ou d’une haie,
Part un oiseau caché que votre pas effraie.
Un papillon peureux, dans son fantasque vol,
Comme un écrin ailé rase, en fuyant, le sol.
Une abeille surprise, humide de rosée,
Déserte en bourdonnant la fleur demi-brisée.
— Plus loin, c’est une source entre les coudriers
Qui roule babillarde, et sur les blonds graviers
Éparpille au hasard, comme une chevelure,
Les résilles d’argent de son eau fraîche et pure.