Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/160

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X
Véritable sabbat de couleurs et de formes,
Où la cruche hydropique, avec ses flancs énormes,
Semble un hippopotame, et la fiole au grand cou,
L’ibis égyptien au bord du sarcophage
De quelque pharaon ou d’un ancien roi mage ;
Ivresse d’opium et vision de fou,
Où les récipients, matras, siphons et pompes,
Allongés en phallus ou tortillés en trompes,
Prennent l’air d’éléphants et de rhinocéros,
Où les monstres tracés autour du zodiaque,
Portant écrit au front leur nom en syriaque,
Dansent entre eux des boléros !


XI
Poudreux entassement de machines baroques
Dont l’œil ne peut saisir les contours équivoques,
Et de bouquins, sans titre en langage chrétien !
Tohu-bohu ! Chaos où tout fait la grimace,
Se déforme, se tord, et prend une autre face ;
Glace vue à l’envers où l’on ne connaît rien,
Car tout est transposé. Le rouge y devient fauve,
Le blanc noir, le noir bleu ; jamais sous une alcôve
Smarra n’a dessiné de fantômes plus laids.
C’est la réalité des contes fantastiques,
C’est le type vivant des songes drôlatiques ;
C’est Hoffmann, et c’est Rabelais !