Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/163

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XVI
Ce digne chat était du reste l’être unique
Admis dans ce repaire, et pour qui Véronique
Eût de l’affection ; — peut-être bien aussi
Était-il seul au monde à l’aimer ; — vieille, laide
Et pauvre, qui l’eût fait ? C’est un mal sans remède ;
Ceux qu’on hait sont méchants, et l’on s’excuse ainsi.
— Il fait nuit, tout se tait ; une lumière rouge,
Intermittente, oscille aux vitrages du bouge ;
— Notre matou, couché sur le fauteuil boiteux,
Regarde d’un air grave et plein d’intelligence
La vieille qui s’agite et qui fait diligence
Pour quelque mystère honteux ;


XVII
Ou bien, frottant sa patte à sa moustache raide,
Lustre son poil soyeux comme l’hermine, à l’aide
De sa langue âpre et dure, et frileux, pour dormir
Entre les deux chenets, près des tisons, en boule,
La tête sous la queue artistement se roule.
— La bise cependant continue à gémir,
L’orfraie aux sifflements rauques de la tempête
Mêle ses cris ; le toit craque, la bûche pète,
La flamme tourbillonne, et dans un grand chaudron,
Sous des flocons d’écume, une eau puante et noire
Danse en accompagnant de son bruit la bouilloire
Et le matou qui fait ron ron.