Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/20

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Cependant, si éloigné qu’il soit des choses de la vie, il sait que le vent ne souffle pas à la poésie ; il sent parfaitement toute l’inopportunité d’une pareille publication ; pourtant il ne craint pas de jeter entre deux émeutes, peut-être entre deux pestes, un volume purement littéraire ; il a pensé que c’était une œuvre pie et méritoire par la prose qui court, qu’une œuvre d’art et de fantaisie où l’on ne fait aucun appel aux passions mauvaises, où l’on n’a exploité aucune turpitude pour le succès.

Il s’est imaginé (a-t-il tort, ou raison ?) qu’il y avait encore de par la France quelques bonnes gens comme lui qui s’ennuyaient mortellement de toute cette politique hargneuse des grands journaux, et dont le cœur se levait à cette polémique indécente et furibonde de maintenant.

Pour les critiques d’art ou de grammaire qu’on pourra lui adresser, il y souscrit d’avance. — Il connaît très bien les défauts et les taches de son livre ; s’il n’a pas évité les uns et enlevé les autres, c’est qu’ils sont tellement inhérents à sa nature, qu’il ne saurait exister sans eux, du moins c’est l’excuse qu’il donne à sa paresse.

Quant aux utilitaires, utopistes, économistes, saint-simonistes et autres qui lui demanderont à quoi cela rime, — il répondra : « Le premier vers rime avec le second quand la rime n’est pas mauvaise, et ainsi de suite. »

À quoi cela sert-il ? — Cela sert à être beau. — N’est-ce pas assez ? comme les fleurs, comme les parfums,