Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/212

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CXIV
Enfin il arriva. — Ce n’était pas un diable
Empoisonnant le soufre et d’aspect effroyable,
Un diable rococo. — C’était un élégant
Portant l’impériale et la fine moustache,
Faisant sonner sa botte et siffler sa cravache
Ainsi qu’un merveilleux du boulevard de Gand.
— On eût dit qu’il sortait de voir Robert le Diable,
Ou la Tentation, ou d’un raoût fashionable,
— Boiteux comme Byron, mais pas plus ; — il eût fait
Avec son ton tranchant, son air aristocrate,
Et son talent exquis pour mettre sa cravate,
Dans les salons un grand effet.


CXV
Le Belzébuth dandy fit un signe, et la troupe,
Pour ouïr le concert se réunit en groupe.
— Ni Ludwig Beethoven, ni Glück, ni Meyerbeer,
Ni Théodore Hoffmann, Hoffmann le fantastique !
Ni le gros Rossini, ce roi de la musique,
Ni le chevalier Karl Maria de Weber,
À coup sûr n’auraient pu, malgré tout leur génie,
Inventer et noter la grande symphonie
Que jouèrent d’abord les noirs dilettanti ;
— Boucher et Bériot, Paganini lui-même,
N’eussent pas su broder un plus étrange thème
De plus brillants pizzicati.