Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/261

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Votre Madone est là ; dans sa loge elle pose,
Près d’elle vainement l’on bourdonne et l’on cause ;
Elle reste immobile et sous le même jour,
Gardant comme un trésor l’harmonieux contour.
Artistes souverains, en copistes fidèles,
Vous avez reproduit vos superbes modèles !
Pourquoi découragé par vos divins tableaux,
Ai-je, enfant paresseux, jeté là mes pinceaux,
Et pris pour vous fixer le crayon du poëte,
Beaux rêves, obsesseurs de mon âme inquiète,
Doux fantômes bercés dans les bras du désir,
Formes que la parole en vain cherche à saisir !
Pourquoi lassé trop tôt dans une heure de doute,
Peinture bien-aimée, ai-je quitté ta route !
Que peuvent tous nos vers pour rendre la beauté,
Que peuvent de vains mots sans dessin arrêté,
Et l’épithète creuse et la rime incolore.
Ah ! combien je regrette et comme je déplore
De ne plus être peintre, en te voyant ainsi
A Mosé, dans ta loge, ô Julia Grisi !