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Les Vendeurs du Temple



I



Il est par les faubourgs un ramas de maisons
Dont les murs verts ont l’air de suer des poisons,
Et dont les pieds baignés d’eau croupie et de boue
Passent en puanteur l’odeur de la gadoue.
Rien n’est plus triste à voir, dans ce vilain Paris,
Entre le ciel tout jaune et le pavé tout gris,
Que ne sont ces maisons laides et rechignées.
Les carreaux y sont faits de toiles d’araignées ;
Le toit pleure toujours comme un œil chassieux ;
Les murs, bâtis d’hier, semblent déjà tout vieux :
Pas un seul pan d’aplomb, pas une pierre égale,
Ils sont tout bourgeonnés, pleins de lèpre et de gale,
Pareils à des vieillards de débauche pourris,
Ruines sans grandeur et dignes de mépris.
Un bâton, comme un bras que la maigreur décharne,
Un lange sale au poing, sort de chaque lucarne.
Ce ne sont sur le bord des fenêtres que pots,
Matelas à sécher, guenilles et drapeaux,
Si que chaque maison, dépassant ses murailles,
À l’air d’un ventre ouvert dont coulent les entrailles.