Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Légendes d’autrefois, merveilleuses histoires
Écrites dans la pierre, enfers et purgatoires,
Dévotement taillés par de naïfs ciseaux ;
Piédestaux du portail, qui pleurent leurs statues,
Par les hommes et non par le temps abattues,
Licornes, loups-garous, chimériques oiseaux,

Dogues hurlant au bout des gouttières ; tarasques,
Guivres et basilics, dragons et nains fantasques,
    Chevaliers vainqueurs de géants,
Faisceaux de piliers lourds, gerbes de colonnettes,
Myriades de saints roulés en collerettes,
    Autour des trois porches béants.

Lancettes, pendentifs, ogives, trèfles grêles
Où l’arabesque folle accroche ses dentelles
Et son orfèvrerie, ouvrée à grand travail ;
Pignons troués à jour, flèches déchiquetées,
Aiguilles de corbeaux et d’anges surmontées,
La cathédrale luit comme un bijou d’émail !


II



Mais qu’est-ce que cela ? lorsque l’on a dans l’ombre
Suivi l’escalier svelte aux spirales sans nombre
    Et qu’on revoit enfin le bleu,
Le vide par-dessus et par-dessous l’abîme,
Une crainte vous prend, un vertige sublime
    A se sentir si près de Dieu !