Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/319

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Comme en un bal joyeux, un sein de jeune fille,
Aux lueurs des flambeaux s’illumine et scintille
    Sous les bijoux et les atours ;
Aux lueurs du couchant, l’eau s’allume, et la Seine
Berce plus de joyaux, certes, que jamais reine
    N’en porte à son col les grands jours.

Des aiguilles, des tours, des coupoles, des dômes
Dont les fronts ardoisés luisent comme des heaumes,
Des murs écartelés d’ombre et de clair, des toits
De toutes les couleurs, des résilles de rues,
Des palais étouffés, où, comme des verrues,
S’accrochent des étaux et des bouges étroits !

Ici, là, devant vous, derrière, à droite, à gauche,
Des maisons ! des maisons ! le soir vous en ébauche
    Cent mille avec un trait de feu !
Sous le même horizon, Tyr, Babylone et Rome,
Prodigieux amas, chaos fait de main d’homme,
    Qu’on pourrait croire fait par Dieu !


III



Et cependant, si beau que soit, ô Notre-Dame,
Paris ainsi vêtu de sa robe de flamme,
Il ne l’est seulement que du haut de tes tours.
Quand on est descendu tout se métamorphose,
Tout s’affaisse et s’éteint, plus rien de grandiose,
Plus rien, excepté toi, qu’on admire toujours.