Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 1.djvu/81

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Les arbres qui bordent la route
Paraissent fuir rapidement,
Leur forme obscure dont l’œil doute
Ne se dessine qu’un moment ;
Le ciel, tel qu’une banderole,
Par-dessus les bois roule et vole ;
Je veux voir des sites nouveaux :
Postillons, pressez vos chevaux.

Chaumières, fermes isolées,
Vieux châteaux que flanque une tour,
Monts arides, fraîches vallées,
Forêts, se suivent tour à tour ;
Parfois au milieu d’une brume,
Un ruisseau dont la chute écume ;
Je veux voir des sites nouveaux :
Postillons, pressez vos chevaux.

Puis une hirondelle qui passe,
Rasant la grève au sable d’or,
Puis semés dans un large espace.
Les moutons d’un berger qui dort,
De grandes perspectives bleues,
Larges et longues de vingt lieues ;
Je veux voir des sites nouveaux :
Postillons, pressez vos chevaux.

Une montagne : l’on enraye
Au bord du rapide penchant
D’un mont dont la hauteur effraye ;
Les chevaux glissent en marchant,
L’essieu grince, le pavé fume,
Et la roue un instant s’allume ;
Je veux voir des sites nouveaux :
Postillons, pressez vos chevaux.