Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/176

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Tes enfants, ta femme et tes proches
Pleurent en se tordant les bras.
Et déjà le sonneur aux cloches
Se suspend pour sonner ton glas.

Le fossoyeur a pris sa bêche
Pour te creuser ton dernier lit,
Et d’une terre brune et fraîche
Bientôt ta fosse se remplit.

Ta chair délicate et superbe
Va servir de pâture aux vers,
Et tu feras pousser de l’herbe
Plus drue avec des brins plus verts.

Donc, pour n’être pas surpris, frère,
Aux transes du dernier moment,
Réfléchis ! — La mort est amère
À qui vécut trop doucement.

Sur ce, frère, que Dieu t'accorde
De trépasser en bon chrétien,
Et te fasse miséricorde ;
Ici-bas, nul ne peut plus rien !


1843.