Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/183

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Éblouissaient l’époque à genoux devant eux,
Où, comme les autels, la peinture était sainte ?
L’artiste conservait à son front une teinte
        Du nimbe de ses bienheureux.

Et Jules Deux régnait, nature riche et large
Qui portait tout un siècle et jouait sous la charge ;
Il ployait Michel-Ange avec son bras de fer,
Et, le voyant trembler, sachant qu’il n’était qu’homme,
Au dôme colossal de Saint-Pierre de Rome
Le traînait, en jurant, allumer son enfer.

Tout était grand alors comme l’âme du maître ;
Car il avait au cœur — ce Bonaparte prêtre —
Des choses que n’ont point les rois de ce temps-ci ;
De tout homme ici-bas il pressentait le rôle,
Et disait à chacun, lui frappant sur l’épaule :
        « Marche ! ta gloire est par ici ! »


III


Et puis là-bas, à Rome, au pied des sept collines,
Parmi ces ponts, ces arcs, immortelles ruines,
Ces marbres animés par de puissantes mains,
Ces vases, ces tableaux, ces bronzes et ces fresques,
Ces édifices grecs, latins, goths ou mauresques,
Ces chefs-d’œuvre de l’art qui pavent les chemins,