Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/209

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La Péri



Toujours les Paradis ont été monotones.
La douleur est immense, et le plaisir borné,
Et Dante Alighieri n’a rien imaginé
Que de longs anges blancs avec des nimbes jaunes.
Les Musulmans ont fait du ciel un grand sérail,
Mais il faut être Turc pour un pareil travail !

Notre Péri là-haut s’ennuyait, quoique belle ;
C’est être malheureux que d’être heureux toujours.
Elle eût voulu goûter nos plaisirs, nos amours,
Être femme et souffrir ainsi qu’une mortelle.
L’éternité, c’est long ! — Qu’en faire, à moins d’aimer ?
Elle s’éprit d’Achmet : qui pourrait l’en blâmer ?