Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/241

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Cependant sur le lac tout est tumulte et joie,
Et l’animation largement s’y déploie ;
Le commerce, l’amour et le culte des dieux
Y forment un spectacle étrange et radieux.
Une procession sur les marches des temples
Avec ses prêtres blancs vêtus de robes amples
Se développe au son des cymbales d’argent.
Des embarcations au sillon diligent
Descendent vers la mer, venant de ces contrées
Qu’assourdissent du Nil les chutes effarées,
Avec leur cargaison riche comme un trésor,
Plumes, gemmes, parfums, ivoire et poudre d’or,
Au passage exhalant l’odeur aromatique
Que prennent les vaisseaux au soleil exotique.

Ici des pèlerins, enfants de tous pays,
Avant de repartir pour Bubaste ou Saïs,
Dans une baie ombreuse où l’onde est plus tranquille
Poussent l’esquif léger avec la rame agile.
D’autres sous les lotus bercent leur frais sommeil,
Ou par des chants joyeux se tiennent en éveil.
Plus loin, des acacias parfument de leurs grappes
Une plage où, du lac fendant les claires nappes,
Folâtre un jeune essaim de riantes beautés
En attraits surpassant les charmes si vantés
De celle dont la chaîne, aimable au captif même,
Tint deux maîtres du monde et rompit au troisième.

IV

 
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  Astre dont le rayon,
S’épanchant sur le monde aux heures taciturnes,