Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/243

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Si, méprisant la mort,
Votre foi reste entière,
En avant ! — le cœur fort
Reverra la lumière,

Et lira sur l’autel
Le mot du grand mystère
Qu’au profane mortel
Dérobe un voile austère.

VII

 
Bois cette coupe ! — Osiris la savoure
À petits traits dans l’empire des morts ;
Il la fait boire au peuple qui l’entoure,
Chaque fantôme en effleure les bords.

Bois cette coupe ! — Elle est tout frais remplie
D’une eau puisée au fleuve du Léthé ;
En la vidant tout le passé s’oublie
Comme un vain songe au matin emporté !

–––––––Le plaisir, fausse ivresse,
–––––––Vin mêlé de poison ;
–––––––La science, maîtresse
–––––––À la dure leçon ;

–––––––L’espoir, brillant et vide,
–––––––Semblable aux lacs amers,
–––––––Trompant la lèvre avide
–––––––Aux sables des déserts ;

–––––––