Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Disons la vérité,
Ève elle-même avait la curiosité.
––À Vénus.
Je voudrais bien savoir quelle faute, si grave, ––
De déesse, vous fit tomber au rang d’esclave,
Et, cachée à nos yeux, hors de nos tourbillons,
Seize ans dans un nuage étouffer vos rayons ?
Oh ! nous avons souvent, pauvre sœur condamnée,
Pendant ce long exil plaint votre destinée.

Vénus.
Ma peine, bien que rude, était juste pourtant ;
Mon crime !… Mais pourquoi dans ce cœur palpitant
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  
Ma fleur d’or disparut des parterres d’azur,
Et ma faute inconnue eut un supplice obscur.
La Reine avait le droit de punir ma faiblesse ;
Mais dans ce cœur souffrant, que le souvenir blesse,
Fut-il bien généreux, ma sœur, de regarder
Pour y lire un secret triste et doux à garder ?

Première Étoile.
Le peuple sidéral doit dans son assemblée
Désigner une Reine à la Cour étoilée ;
Vos malheurs ont sur vous fixé l’attention ;
L’enthousiasme naît de la compassion.
La grande et petite Ourse, Andromède, Céphée,
Vous soutiennent ; de vous Bérénice est coiffée,
Et la Mouche bourdonne en vous cherchant des voix
Sur lesquelles j’aurais peut-être quelques droits.