Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/318

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Oui, l’on peut acheter une esclave sans faire
Son emplette aux marchés de Stamboul ou du Caire.

Georges.
C’est ce que s’était dit lord Maddock.

Sinclair.
C’est ce que s’était dit lord Maddock.Hé ! qui ? Lui ?
Ce débauché que ronge un monstrueux ennui,
Ce faune au pied fourchu, duc et pair d’Angleterre ?
Quel lien entre vous, et « quel est ce mystère ? »

Georges.
Dans Goya, le graveur aux caprices hardis,
On voit se détacher sur un fond de taudis,
Près d’une atroce vieille à l’œil d’oiseau de proie,
Une fraîche beauté, tirant son bas de soie,
Avec ces mots écrits : « Toilette de sabbat. »
Pour plus d’un pauvre enfant dont la pudeur combat,
Par une mère au mois, sorcière en tartan rouge,
Cette toilette-là se fait au fond d’un bouge.
À l’Opéra, chaque ange est flanqué d’un démon
Qui lui souffle à l’oreille un horrible sermon,
Et les gnomes hideux, grâce aux diables femelles,
Trouvent, s’ils ont de l’or, les sylphides sans ailes !

Sinclair.
Je comprends.

Georges.
Je comprends. Lord Maddock au diable marchandait
Un ange, — un petit rat que sa mère vendait ! —