Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


LA MORT DANS LA VIE

IV

 

La Mort est multiforme, elle change de masque
Et d’habit plus souvent qu’une actrice fantasque ;
Elle sait se farder,
Et ce n’est pas toujours cette maigre carcasse,
Qui vous montre les dents et vous fait la grimace
Horrible à regarder.

Ses sujets ne sont pas tous dans le cimetière,
Ils ne dorment pas tous sur des chevets de pierre
À l’ombre des arceaux ;
Tous ne sont pas vêtus de la pâle livrée,
Et la porte sur tous n’est pas encor murée
Dans la nuit des caveaux.

Il est des trépassés de diverse nature :
Aux uns, la puanteur avec la pourriture,
Le palpable néant,
L’horreur et le dégoût, l’ombre profonde et noire,
Et le cercueil avide entr’ouvrant sa mâchoire
Comme un monstre béant ;