Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 2, Lemerre, 1890.djvu/82

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La Fuite


                KADIDJA.
Au firmament sans étoile,
La lune éteint ses rayons ;
La nuit nous prête son voile.
        Fuyons ! fuyons !

                 AHMED.
Ne crains-tu pas la colère
De tes frères insolents,
Le désespoir de ton père,
De ton père aux sourcils blancs ?

                KADIDJA.
Que m’importent mépris, blâme,
Dangers, malédictions !
C’est dans toi que vit mon âme.
        Fuyons ! fuyons !

                 AHMED.
Le cœur me manque ; je tremble,
Et, dans mon sein traversé,
De leur kandjar il me semble
Sentir le contact glacé !

                KADIDJA.