Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/129

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Ou bien quelque jeune poète,
Qui scande ses vers sibyllins
En contemplant la silhouette
De Montmartre et de ses moulins.

Par malheur, ma mansarde est vraie ;
Il n’y grimpe aucun liseron,
Et la vitre y fait voir sa taie,
Sous l’ais verdi d’un vieux chevron.

Pour la grisette et pour l’artiste,
Pour le veuf et pour le garçon,
Une mansarde est toujours triste :
Le grenier n’est beau qu’en chanson.

Jadis, sous le comble dont l’angle
Penchait les fronts pour le baiser,
L’Amour, content d’un lit de sangle,
Avec Suzon venait causer ;

Mais pour ouater notre joie
Il faut des murs capitonnés,
Des flots de dentelle et de soie,
Des lits par Monbro festonnés.

Un soir, n’étant pas revenue,
Margot s’attarde au mont Bréda,
Et Rigolette entretenue
N’arrose plus son réséda.

Voilà longtemps que le poète,
Las de prendre la rime au vol,
S’est fait reporter de gazette,
Quittant le ciel pour l’entresol.