Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/220

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Je n’ai rien, je le sais, qui soit fait pour vous plaire ;
Mais vos yeux, à la fois charmants et meurtriers,
Ont des traits à percer les plus durs boucliers.
Ne vous offensez pas des soupirs qui s’échappent
Du sein des malheureux que, par mégarde, ils frappent ;
Ne vous offensez pas d’un téméraire espoir,
Et ce cœur tout à vous daignez le recevoir !

Inez.
Le pardon est aisé quand l’offense est si douce !

Valère.
Croyez que mon amour… Diantre ! quelle secousse !
J’ai failli choir !

Frontin.
J’ai failli choir !Monsieur, vous pesez comme un plomb.
Achevez, et, pour Dieu, ne soyez pas si long !

Inez.
Valère, je vous crois ; Valère, je vous aime !
Je vous l’avoue ici beaucoup trop vite même ;
Mais la gêne où je vis excuse cet aveu,
Qu’une autre moins gardée eût fait attendre un peu.
Ces vieux barbons jaloux, avec toutes leurs grilles,
À ces extrémités forcent d’honnêtes filles !

Valère.
Votre franchise, Inez, augmente mon respect.

Marinette.
Garde à vous ! un objet monstrueux et suspect
S’avance à l’horizon.

Frontin.
S’avance à l’horizon.