Page:Œuvres de Théophile Gautier - Poésies, Volume 3, Lemerre, 1890.djvu/329

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LA FEMME DE DIOMÈDE


ARRIA, couchée sur un lit de repos, dans un sommeil léthargique.

Ai-je dormi ?… Mais non…, j’étais morte ! Nul rêve
Ne traversait la nuit de mon sommeil sans trêve.
Le Mercure funèbre avait, aux sombres bords,
Il me semble, conduit mon ombre… ; pour mon corps,
Au fond du souterrain dont la voûte s’écroule
Les laves du Vésuve en conservaient le moule.
Je serrais sur mon cœur mon coffret à bijoux.
Dans ma fuite… L’écrin les renferme encor tous !

À remonter le temps que Mnémosyne m’aide !
Oui…, j’étais Arria, femme de Diomède ;
J’habitais un palais pour sa splendeur vanté.
Les Dieux régnaient alors… On chantait ma beauté,
On m’aimait, quand survint l’affreuse catastrophe !…
Mais rajustons un peu les plis de cette étoffe,
Secouons-en la cendre avec le bout du doigt ;