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A UN JEUNE HOMME.


soit suivie de quelque avantage; et cette maxime est très- bonne. . Dans les situations désespérées, on peut prendre des par- tis violents; mais il faut qu'elles soient désespérécs. Les grands hommes s'y abandonnent quelquefois par une secrete confiance des' ressources qu'ils ont pour subsister dans les extrémités, ou pour en sortir à. leur gloire. Ces exemples sont sans conséquence pour les autres hommes. C'est une faute commune, lor·squ'on fait un plan, de son- ger aux choses sans songer à soi; on prévoit les difiicultés attachées aux affaires; celles qui nattront de notre fonds, rarement. Si pourtant on est obligé à prendre des résolu- tions extrémes, il faut les embrasser avec courage, et sans prendre conseil des gens médiocres; ear ceux-ci ne com- prennent pas qu'on puisse assez souffrir dans la médiocrité qui est leur état naturel, pour vouloir en sortir par de si- grands hasards, ni qu'on puisse durer dans ces extrémités qui sont hors de la sphère de leurs sentiments. Cachez-vous des esprits timides : quand vous leur auriez arraché leur approbation par surprise ou par la force de vos raisons, rendus à. eux-memes, leur tempérament les raménerait bien- tot à leurs principes, et vous les rendrait plus contraires. Croyez qu’il y a toujours, dans le cours de la vie, beaucoup de choses qu’il faut hasarder, beaucoup d’autres qu’il faut mépriser, et consultez en cela votre raison et vos forces. Ne comptez sur aucun ami dans le malheur. ' Mettez toute votre confiance dans votre courage et dans les ressources de votre esprit ; f'aites·vous, s’il se peut, une destinée qui _ ne dépende pas de la bonté trop inconstante et trop peu î Des pour aux, ou dam. - G.`

  • Var. : [Mettez toute votre eonnauce dans votre courage, dans votre pru-

dence, dans votre habileté, dans vos intrigues, et non dans l'appul des autres hommes, car c‘est une folie d'en attendre quelque chose; il faut, pour ainsi dire, leur arracher ce qu'on en obtient. Si vous acquérez de grands biens ou de la gloire, sl vous avez des amis puissants; en un mot, si vous pouvez servir lu autres, ne vous mettez point en peine, vous ne manquera nl de serviteurs, ni de partisans, ui de Batteurs. Soyez donc heureux par vous-méme, car- si vous attendez tranquillement que ls monde s'sperooive de votre mérite, et qu’il