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SUR LE LIBRE ARBITRE.


âme, qui Yengagent a le vouloir? vous n’en disconviendrez pas, si vous vous consultez bien. Convenez donc avec moi que nous agissons souvent selon ce que nous voulons, mais que nous ne voulons jamais que selon ce que nous sentons, ou selon ce que nous pensons: nulle volonté sans idées ou · sans passions qui la précèdent ’.

- Un homme tire sa bourse, me demande pair ou non : je lui réponds l’un ou l’autre. N’est-ce pas ma volonté seule qui détermine ma voix? Y a.-t-il quelque jugement ou quelque passion qui devance? L’on ne voit pas plus de raison à croire que c’est pair qu’impair; donc ma volonté nait de soi, donc rien ne la détermine. — Erreur grossière : ma volonté pousse ma voix; le pair et l’impair sont possibles; l’un est aussi caché que l’autre, aucun n’est donc plus ap- , paœnt; mais il faut dire pair ou non, et le désir du gain - rn’échauife; les idées de pair et d’impair se succèdent avec vitœse, mêlées de crainte et de joie; l’idée de pair se pré- sente avec un rayon d’espérance; la rétlexion est inutile, il faut que je me détermine, c’eet une nécessité; et, sur cela, ~ j e dis pair, parce que pairen ce moment se présente à mon <-ssprit.

Cherchez-vous un autre exemple? Lever vos bras vers le ciel : c’est autant que vous le voudrez quecela s’exécuœra; anais vous ne le voudrez que pour faire un essai du pouvoir de la volonté, ou par quelque autremotif; sans ce1a,’je vous assure que vous ne le voudrez pas’. Je prends tous les hommes à témoin de ce que je dis la; j’en appelle à

¤ Add. : ¤ En sorte que toutes nos fautes sont des erreurs de notre œprlt ou de notre cœur. n

  • Var. : e Lorsque je leve la main, c’est pour faire un mai de ma liberté,

• ou par quelque autre raison; loi-squ’on me propose au jeu de choisir pair - ou impair, pendant que les idées da l’u¤ et de Feutre se suwedeut dans ~ mon esprit avec vitesse, melées d’uspérauce et de crainte, si je choisis pair, • c’est parce que la nécessité de faire un choix s’o|l‘re I ma pensée au mo- •x meut que pair y est present. Qu’on propose tel exemple qu’on voudra, je ¤ démontrerai a un homme de bonne foi que nous n’avons aucune volonte qui ·- ne soit précédée par quelque sentiment, par quelque raisonnement qui ·· la font naitre. Il est vrai que la volonté a aussi le pouvoir d’exclter nos • idées; mais il faut qu’elle-meme soit déterminée auparavant par quelque cause.