poète, Alexandre, la Thébaîde, Bérénice, Erther, dans les-
quelles on pourrait citer encore de grandes beautés; ce
n’est point par les essais d’un· auteur, et par le plus petit
nombre de sœ ouvrages, qu’on en doit juger; mais par le
plus grand nombre de ses ouvrages, et par ses chefs-
d œuvre. Qu‘on observe cette regle avec Racine', et qu ou
examine ensuite ses écrits : dira·t-ou qu'Acomat, Roxane.
Joad, Athalie, Mithridate, Néron, Agrippine, Burrhus, Nar-
cisse, Clytemnestre, Agamemnon, etc., n'aient pas le ca-
ractère de leur siècle, et celui que les historiens leur ont
donné? Parce que Bajazet et Xipharès ressemblent à Bri-
tannicus, parce qu'ils ont un caractère faible pour le théâtre,
quoique naturel, sera-t-on fondé à prétendre que Racine
n’ait pas su caractériser les hommes, lui dont le talent
éminent était de les peindre avec vérité et avec noblesse'?
Je reviens encore à Corneille, afin de finir ce discours.
Je crois qu'il a connu mieux que Racine le pouvoir des si~
tuations et des contrastes '; ses meilleures tragédies, tou- `
jours fort au-dessous, par fexpression, de celles de son ri-
val, sont moins agréables à lire, mais plus intéressantes
quelquefois dans la représentationl, soit par· le choc des ca-
l Gomme Snard l'a justement remarqué plus haut, Vauvenargues aurait du
Fobscruer lui-même avec Molière. —G.
- i" Édition : « Bsjaset, Xiphares, Britannicus, caractères si critiqués, ont
· · la douceur st la dëicatesse de nos mœurs, qualités qui ont pu se rencon- ~ trer chez d'autres hommes, et n’en ont pas le ridicule, comme on l‘insinue. · Mais je veux qu’lIs soient plus faibles qu'ils ne me [Ie] paraissent: quelle · tragédie a-t-on vue ou tous les personnages fussent de la meme force T cela • ne se peut; Mathsn et Abner sont peu considérables dans Athalie, et cela · n’est pas un défaut, mais privation d'une beauté plus achevée. Que voit-ou ~ d’ailleurs de plus sublime que toute œtte tragédie? Que reprocher donc A · Racine! d'avoir mis quelquefois dans ses ouvrages un amour faible, tel ~ peut·etre qu'il·est déplacé au théatre'! Je l'avoue; mais ceux qui se fondent · lulessus, pour bannir de la scene une passion si générale et si violente, • passent, ce me semble, dans un autre excès. Lesgrands hommes sont grands . _ ~ dans leurs amours, et ne sont jamais plus aimables; l'amour estle caractere • le plus tendre de Phumanite, et Phumanité est le charme et laperfection de · la nature.: -—Bncore un morceau retranché par Vauvenargues, ct rétabli par les éditeurs. On sait que c'est contre Voltaire ltri·méme que Vauvenargues defend Bajaset, Xipharea, etc. (Voir Voltaire. — Le Temple du Goût.) - G. i Lnuteur a dit la meme chose trois pages plus haut. —- G.
- [Mon avis diffère ici dc celui de Vauvenargues. Qu'y a-t·il de plus intéres-