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SUR QUELQUES CARACTÈRES.


qui n'exigent ni élévation , ni grandeur, .d'œprit dans le peintre, quoiqu'e1les·demandent autantde travail et de gé- nie, si l’on nlentend par génie que ce talent naturel, que l’art ` perfectionne, mais qu’il ne peut suppléer. (Test aux artisans, dit-il, d’adorer l’artisan plus habile qu'eux, de compter pour peu la vertu, de ne respecter que les arts, et de préférer la statue d'Alcibiade à son courage; mais. pour lui, il ne . peut estimer les talentsque par le caractere qu’ils annon- cent'. ll respecte iecardinal de Richelieu commenn grand homme, et il admire Raphaël comme un .grand peintre; mais il n’oserait égaler des mérites d’un prix si inégal. il ne donne point à des bagatelles ces louanges rlémesurées que V dictent quelquefois aux gens de lettres l‘intéret ou la poli- que; mais il loue très-sincèrement tout ce qu’ilîloue, et parle toujours comme il pense. Le seul défaut qui lui fasse — du tort, est de ne pas aimer assez les petites choses, et de trop senllammer pour les grandes. 60; - sentons, ou 1.'Oratcur de la vertu f. Gelui qui »n'est connuque par les lettres, »n'est pas in- fatué de sa réputation, s'il est vraiment ambitieux; bien loin de vouloir faire entrer les jeunes gens dans sa propre carrière, il leur montre lui-même une route plus noble, s'ils osent la suivre : « Le riche insolent, leur dit—il, méprise tt les écrivains les plus sublimes, et le vertueux ignorant « ne les connait pas. 0 mes amisl pendant que des hom « mes médiocres exécutent de grandes choses, ou par un_ « instinct particulier, ou par la faveur des occasions, vou- • l'ur.-: [« Ditérent dc ceux qui estiment les grandes choses par réflexion, · et qui aiment les petites par inclination, il sépare peu son estime de ses · gouts; son Ame, obsédés des images du sublime et de la vertu, ne peut ·· faire cas des arts qui peignent de petits objets: le pinceau de Moliere le · surprend sans le passionner, etc. »] (Voir, pour la fin de cette variante, p. 238, la derniere note de l'u·ticle Molière.) — G.

  • C’est une version plus complète de l'0ratzur rhagrindes éditions précé-

dentes; notre titre est celui des manuscrits. — Rappelons, pour Pintelligence de ce morceau, que Vauvenargues emploie rarement le mot vertu dans son acception usuelle, et qu’il lui fait signifier tantot force de caractère, tantot action. C'sst dans ce dernier sens qu’il faut ici le prendre. — G. 24