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ET MAXIMES.


courir dans leurs lectures, et n’être jamais arrêtés ; ils ressemblent à ceux qui se fatiguent en se promenant trop lentement.]

667.  [Lorsqu’on n’entend pas ce qu’on lit, il ne faut pas s’obstiner à le comprendre ; il faut, au contraire, quitter son livre ; on n’aura qu’à le reprendre un autre jour ou a une autre heure, et on l’entendra sans effort. La pénétration, ainsi que l’invention, ou tout autre talent humain, n’est pas une vertu de tous les moments ; on n’est pas toujours disposé à entrer dans l’esprit d’autrui[1].]

668.  [Il suffit qu’un auteur soit toujours sérieux, et humblement soumis à tous les préjugés, pour qu’on lui croie l’esprit beaucoup plus juste qu’à tous les poètes : je suis persuadé que beaucoup de gens croient Rollin plus grand philosophe que Voltaire.]

669.  [Les sophistes n’estiment pas Fénelon, parce qu’ils ne le trouvent pas assez philosophe ; et moi j’aime mieux un auteur qui me donne un beau sentiment, qu’un recueil de pensées subtiles.]

670.  [On voit des auteurs qui ont dit de grandes choses ; mais on voit aussi qu’ils les ont cherchées ; elles n’étaient pas dans leur esprit ; ils les y ont appelées et ncrustées ; aussi, malgré les grandes choses qu’ils ont dites, on ne peut se défendre de les trouver encore petits.]

671.  [On appelait Bayard le chevalier sans peur ; c’est sur ce modèle que sont faits la plupart des héros de notre théâtre. Autres sont les héros d’Homère : Hector a, d’ordinaire, du courage, mais il a peur quelquefois.]

672. [La fierté est sans doute une passion fort théâtrale, mais il faut qu’elle soit provoquée : un fat est insolent, sans

  1. Voir la Maxime 282e. — G.