Page:Œuvres de Virgile (éd. Panckoucke, 1859).pdf/92

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tout naît la ronce aux pointes aiguës. Bergers, couvrez la terre de feuillage, et d’ombres les fontaines : tels sont les honneurs que réclame Daphnis. Élevez-lui un tombeau, et sur ce tombeau inscrivez ces paroles : « Je fus Daphnis, habitant des bois, d’où mon nom s’est élevé jusqu’aux cieux : gardien d’un beau troupeau, plus beau moi-même. »

MÉNALQUE.

Tes chants, poëte divin, sont pour nous ce qu’est pour le voyageur fatigué le sommeil sur un tendre gazon, ce qu’est, dans les ardeurs de l’été, la source jaillissante où s’étanche notre soif. Égal à ton maître, pour la flûte, tu l’es encore pour le chant, heureux berger ! tu seras un autre Daphnis. Cependant je vais, à mon tour, essayer de mon mieux quelques vers où j’élève jusqu’aux astres ton cher Daphnis ; oui, je porterai Daphnis jusqu’aux astres ; et moi aussi, Daphnis m’aima.

MOPSUS.

Quel présent nous pourrait être plus agréable qu’un tel souvenir ? Oui, ce jeune berger était bien digne de tes chants ; et depuis longtemps Stimicon m’a fait l’éloge de tes vers.

MÉNALQUE.

Daphnis, tout brillant de lumière, contemple avec étonnement